18 juin 2013
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ARCANE XVIIII : LE SOLEIL
Ce n'est pas assez de posséder le soleil si nous ne sommes pas capables de le donner.
Paul CLAUDEL
- S'il y a une mère, c'est qu'il y a un géniteur, le père. Après la rencontre avec l'anima, la part féminine de notre être, la lumière intérieure, quasiment divine et sacrée, voici l'animus, la part masculine , la force qui permet de passer à l'action, de concrétiser.
- En tant que symbole cosmique, le Soleil, dont le culte domine dans les anciennes grandes civilisations, incarne la force créatrice , la source vitale de chaleur et de lumière : Atoum, Osiris et Horus en Egypte ancienne, Apollon, Hélion en Grèce etc … Dans toutes les cultures, le soleil est le symbole du père, comme il l'est aussi dans les rêves d'adultes ou dans les dessins d'enfants.
- Description de la lame
- Le soleil de l'arcane XVIIII est jaune d'or . Cette couleur nous rappelle tout aussi bien le métal pur et précieux que la splendeur des moissons en plein mois de juillet, en été, lorsque l'heure est la plus chaude et que, dans le même temps, les jours commencent lentement à décliner. Cette couleur chaude radieuse nous parle aussi du rayonnement de l'être et de la pertinence de ses dons intellectuels, de son intelligence, de l'acuité de ses jugements.
- Le Soleil se présente de face : de son visage partent 75 rayons : 59 sont des traits noirs, 8 ont la forme de triangles ( 4 jaunes, 2 verts, 2 rouges ), ils alternent avec 8 autres à bords ondulés ( 3 rouges, 2 blancs, 3 bleus ) .
- Ce soleil est dit flamboyant , il irradie son énergie fécondante alors que la lune attirait à elle les émanations telluriques . Sur un sol jaune sans végétation, strié de noir , devant un muret à briques jaunes bordées de briques rouges, se tiennent des jumeaux , simplement vêtus d'un pagne bleu. Tête et pieds nus, ils sont l'image de l'identique, des semblables et de la fraternité.
- L'un touche le plexus solaire de son frère, qui lui-même touche l'épaule de son jumeau. Nous ne sommes plus ici dans la problématique de l'Amoureux qui hésitait entre le cœur et la raison; ici, cœur et raison se conjuguent. L'homme reconnaît son animus et son anima, sa part rayonnante et sa part ténébreuse, il les sait nécessaires à son plein épanouissement et inhérents à sa nature.
- Ces deux enfants nus sous le soleil ont pris la juste mesure de leurs capacités. L'homme qui, par orgueil, avait été précipité de la tour à l'arcane XVI, La Maison Dieu, comprend enfin qu'il s'agit de construire son temple et de polir sa pierre avec justesse, rigueur et efficacité, d'où le petit mur en briques ( les constructions sont à la mesure de l'homme ). Le Soleil nous montre enfin après toutes les illusions , la réalité , la vérité de nous même et du monde
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- La question et la solution
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- Le problème du père : qui fait la loi ici ? Y en a-t-il encore seulement une ?
- La solution : retrouver l'animus , le père en chacun de nous, la lumière qui rayonne et éclaire, la force intérieure.
- L'Œdipe commence d'abord par la séparation de l'enfant et de la mère, séparation organisée par les lois de la paternité et de la prohibition de l'inceste. La présence du père qui forme triangle avec l'enfant et la mère , incarnation de la loi contre l'amour et de la nature contre la culture chassera l'enfant du monde imaginaire constitué par sa relation duelle et absolue à un seul autre : la mère.
- Le père est celui qui dicte la loi et qui l'incarne, il dit : j'aime ta mère qui est ma femme. Nous formons couple ; de notre désir, tu es né, mais tu es à côté de nous , avec nous, mais tu ne peux pas prendre ma place ( sous entendu avec elle ) . Tu y perdrais ton autonomie , ta personnalité. Tu ne dois pas être l'objet du désir de ta mère, mais être un individu à part entière, fier de son désir et de ce qu'il est .
- Y a -t-il beaucoup de père qui disent cela ? Non ! Nous vivons dans une société où les pères ont peur de dire non à leurs enfants, encouragés en cela par les mères. Le bonheur de leurs enfants pour ces parents passent forcément par une réponse positive à toutes demandes ;
- Le OUI est devenu le passage obligé du bon parent.
- C'est une erreur . Il n'y a ni de oui ni de non absolu. Il s'agit de dire oui quand le oui s'impose, non quand le non s'impose. C'est de discernement dont les parents ont besoin;
- Accéder à toutes les demandes d'un enfant, d'un adolescent , c'est l'empêcher de se construire et de grandir. C'est lui donner une idée fausse de la réalité. Prenons l'exemple d'un garçon : le refus du père à une de ses demandes l'aidera à s'opposer à ce père. Il désirera sa destruction, sa disparition, mais en même temps, il cherchera à s'identifier et trouvera dans l'affection et l'admiration qu'il lui porte les éléments de son idéal. Si c'est le devoir des parents de fixer des limites à leurs enfants, il faut que ces limites relèvent de la commodité à vivre et à vivre en société, non de l'incommodité de vivre des parents.
- Si un enfant devient le lieu de vos rêves " irréalisés " , il ne sera plus lui, mais vous. Il enfouira ses propres désirs au fond de lui-même , leur deviendra étranger et fera tout pour les oublier.
- Dans la plupart des cas, le père projète ses désirs sur son fils et la mère sur sa fille. De ce fait, le parent prend la place de cet enfant qui, lui, perd la sienne, pour se conformer à celle qui lui est assignée.
- A l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris, plus de la moitié des mères de petits rats sont d'anciennes danseuses ayant raté le concours d'entrée ou n'ayant pu accéder au rang d'étoile : la petite fille se doit donc de réparer cette blessure narcissique et de devenir, elle, danseuse étoile. Ses rêves, ses désirs ? Aucune importance, ce rêve-là, le leur , est forcément le plus beau.
- Pour les garçons, c'est autre chose. Leur père souhaite la même carrière : nous sommes dans une famille de juristes, de médecins, d'universitaires etc… Le fils continue la lignée, reprendra le cabinet, la charge ou l'entreprise familiale qui doit perdurer de génération en génération.
- La dure conquête de l'autonomie, les oui et les non que l'on ne s'autorise pas à dire, par peur, par culpabilité…
- Le Soleil nous enjoint donc à retrouver la vraie loi du père, à l'intégrer en nous . Cette voix paternelle nous demande de grandir, d'être autonome et indépendant, loin du foyer parental, de construire notre propre vie, selon notre désir, de former à notre tour un couple, de faire des enfants, de faire œuvre utile et créatrice. Elle nous demande aussi, cette loi, de respecter toutes les grandes lois de la nature.
- Si la rencontre avec l'anima renoue le lien avec les forces instinctives et bien réelles de notre psyché, réalité qui nous ouvre à la voie du sacré et de la spiritualité, à l'impalpable; l'animus, la part masculine de notre individu, nous invite à rayonner au dehors, à briller de tous nos feux.
- Soyons fiers et heureux d'être ce que nous sommes !
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