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2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 15:24
l'ARCANE SANS NOM : MOURIR POUR RENAITRE

ARCANE XIII : L'ARCANE SANS NOM

LA VIE NE PREND SON SENS QUE DANS LA MORT, ET C'EST À CAUSE DE LA MORT QUE NOUS FAISONS QUELQUE CHOSE DE NOTRE VIE ET QUE NOUS Y ATTACHONS TANT DE PRIX.

Description de la lame

Après le Pendu tout entier offert et abandonné à la force d'amour, l'Arcane Sans Nom nous invite à aller encore plus loin. Une autre transformation arrive, nous la pensons inéluctable, l'est-elle vraiment ?

Notons de suite que la nomination de l'arcane est dite sans nom, et porte le nombre 13 qui, depuis le moyen âge chrétien, est considéré comme maléfique. Que cet arcane ne s'appelle pas la mort nous interpelle : qu'est-ce que la mort? Est-ce vraiment la disparition totale, l'anéantissement? Cet arcane est sans nom justement pour nous faire réfléchir, pour nous forcer à nous interroger sur notre sentiment vis à vis de la mort.

La mort, c'est quoi, en avons-nous peur, pour nous ou pour les autres ? Est-ce un phénomène normal, une absurdité totale comme pour les Existentialistes, est-ce le moyen de reconnaître la suprématie de l'âme immortelle face au corps périssable (cf Platon)?

Philippe Ariès dans L'homme devant la mort ( 1977, Hachette ), propose de réfléchir sur le concept de mort inversée, qui correspondrait à un type absolument nouveau de mourir, ce serait l'exclusion de la mort, par quoi il faut entendre la disparition du caractère social et public qui marquait antérieurement " le rapport permanent entre la mort et la société ":

Rien n'avertit plus dans la vielle que quelque chose s'est passé : l'ancien corbillard noir et argent est devenu une banale limousine grise, insoupçonnable dans le flot de la circulation. La société ne fait plus de pause : la disparition d'un individu n'affecte plus sa continuité. Tout se passe dans la ville comme si personne ne mourait plus.

Désormais, la mort est réputée sale, inconvenante, et son indécence frappe jusqu'au deuil lui-même, dont la discrétion confine à une disparition pure et simple; l'hôpital, dans le même temps, est l'enclos où se dissimule cette horreur nauséabonde , cachée parce que laide et sale. Renversement de l'image de la belle mort qui, jusqu'alors était publique et héroïque, telle celle d'Achille dans l'Iliade et qui, aujourd'hui, désigne le mourir le plus silencieux, le plus discret et le plus mensonger. Le mieux est de s'éteindre la nuit dans son sommeil, sans le montrer et sans se voir mourir, sans déranger personne . La mort est refusée, refoulée.

Mais revenons à la description du personnage : c'est un squelette couleur chair, il a le pied enfonce dans la terre et tient dans sa main gauche une faulx à manche à lame rouge et à poignée blanche. Le sol est noir, des plantes bleues et jaunes y poussent ; sous le pied du squelette, une tête de femme, à côté de la pointe de la lame, une tête d'homme couronné; trois mains, un pied, deux os sont disséminés ça et là.

Le Tarot en ne nommant par cet arcane ou plutôt en la déclarant sans nom, comme elle déclarera le Mat sans nombre , et en refusant de l'appeler la mort, lui ôte son caractère fatidique et l'ouvre à un autre champ d'exploration. La mort est un passage, elle n'est pas une fin en soi, elle ouvre l'accès au règne de l'esprit , à la vie consciente et véritable.

MORS JANUA VITAE : la mort porte la vie.

Au sens ésotérique et spirituel, elle symbolise le changement intérieur profond que subit l'homme par l'effet de l'initiation : le profane doit mourir pour renaître à la vie supérieure que confère l'initiation. S'il ne meurt pas à son état d'imperfection, il s'interdit tout progrès initiatique ( O. Wirth) et je rajouterai, tout progrès spirituel, toute chance d'élargir sa vie, d'en faire un espace de liberté et de vérité, d'en faire un lieu et un espace de croissance.

Pour Spinoza, la sagesse de l'homme libre est une méditation non de la mort, mais de la vie. C'est par la perspective de la mort que la vie devient précieuse et qu'il est désormais utile d'employer son temps à faire , à agir, à réaliser, à jouir du présent et non pas à pleurer sur un hypothétique avenir plus ou moins noir, de préférence.

ESPERER, CE N'EST PAS ATTENDRE, C'EST AGIR.

Bichat a relativisé le concept de mort, le faisant déchoir de cet absolu où il apparaissait comme un événement insécable , décisif et irrécupérable : il l'a volatilisé et réparti dans la vie, sous la forme de morts en détail, morts partielles, progressives et si lentes à s'achever par-delà la mort même.

LA QUESTION ET LA SOLUTION

  1. La vie ou des morts successives ?
  2. La vie envisagée comme une suite de transformations , de ruptures, d'étapes que nous aurons à vivre.

Chacun, dans notre existence, avons de nombreux passages à vivre et à assumer : quitter les parents pour la première fois, l'école, le lycée, la fac , le premier amour, la première rupture, le chômage, la perte d'un être aimé, le divorce, la naissance de nos enfants, la retraite, la maladie, la souffrance etc…

De multiples portes que nous aurons à franchir. Alors, comment faut-il les vivre ? D'abord les digérer, les accepter, puis le franchissement de la porte qui ouvre inéluctablement - et c'est tant mieux - sur quelque chose d'autre, sur des perspectives nouvelles.

Tout cela, c'est bien joli, me direz-vous, mais vous en parlez à votre aise, je n'ai pas envie de changer, je suis bien ici, et le mieux c'est que tout continue comme par le passé. Stop ! Revenons à la réalité : nous l'avons dit maintes et maintes fois, le monde change, les gens changent, notre environnement change ! C'est un mouvement infini et perpétuel !

Nous souffrons de ces changements, nous souffrons des incertitudes de la vie, mais c'est la vie qui est ainsi, elle roule comme un caillou et n'a de cesse de s'arrêter que pour repartir de plus belle.

Faire le deuil, accepter l'inacceptable, est-ce possible ? Oui, c'est possible! La vie est bien faite, et peu à peu, avec le temps, nous acceptons que l'autre nous ait quitté, que nos parents soient morts, que notre métier se transforme! Il s'agit de faire le deuil d'une situation, d'un être, d'un animal, de tout ce que à quoi nous tenions puis de repartir vers un ailleurs , vers ce que la vie a à nous offrir, et croyez-moi, ces ressources sont inépuisables, pour peu qu'on veuille les voir et y croire. Bien sûr, vient un jour, où l'on n'y croit plus, où l'on dit stop : justement, j'en ai trop, j'ai eu trop mal, et je voudrais bien que ça s'arrête.

Alors, la mort vient presque comme un soulagement, une consolation, une autre étape.

La mort est un passage, un tunnel où l'on s'engage sans trop savoir ce qu'il y a de l'autre côté. Pour ma part, je crois fermement que nous passons alors à un niveau de conscience supérieure, que je ne saurai en aucun cas définir. Tout ce que je suis capable de ressentir, c'est un affinement extrême, une sensibilité accrue, un état de réceptivité absolument impensable pour un vivant. C'est sans doute la mort qui nous permet de voir par delà les apparences, de soulever le voile de la Maya, cette illusion que les hommes ont sans cesse devant leurs yeux. La mort , c'est enfin découvrir le monde, c'est enfin être capable d'amour et de générosité, c'est veiller sur les vivants, nos frères toujours dans la misère et le malheur , toujours dans l'abstraction.

Parfois, j'en arrive à me dire, que la réalité est de ce côté, mais ce n'est qu'une perception intense et fugace de mon âme, de mon cœur. Il y a environ une vingtaine d'années, je fis un rêve qui me reste toujours en mémoire, rêve ou révélation de mon inconscient ?

J'avais à cette époque une amie très malade, elle s'appelait Armandine. Mère de trois enfants, elle se savait condamnée par un cancer qui se généralisait et envahissait progressivement tout son organisme. Au mois de septembre, on dut l'hospitaliser pour la énième fois, le cancer se propageait au cerveau,. La nuit de sa mort, je fis ce rêve :

Allongée sur mon lit, j'étais nue, je voyais parfaitement mon corps étendu, calme sur les couvertures, puis tout à coup, je me sentis m'éloigner du sol , m'élever à l'horizontale, tranquillement, sereinement, puis je me trouvais en présence de trois vieillards vénérables, vêtus de blanc , à la barbe elle aussi blanche qui me dirent les paroles suivantes : retourne d'où tu viens, ton heure n'est pas venue, tu as encore un long travail à faire.

Je me suis réveillée en sursaut, étonnée, mal à l'aise, avec le sentiment très net qu'il venait de se passer quelque chose, mais quoi ? Machinalement, je regardais ma montre, il était 5h30.

A 8H30, le mari d'Armandine m'appelait : elle était morte à 5h30 !

Ce rêve que j'analyse comme un avertissement de mon inconscient, un message qu'il m'envoyait, changea le cours de ma vie. Je suis persuadée , et nous l'avons déjà vu de nombreux exemples, que nous pouvons rentrer en communication avec d'autres inconscients. Ce rêve symbolique et très simple me demandait de ne pas arrêter le cours de mon existence, Armandine mourait, moi non, et j'avais encore de multiples choses à accomplir.

Armandine en avait fini de souffrir, moi je devais vivre et avancer dans la direction qui était la mienne.

Ce n'est pas facile de laisser partir ceux que nous aimons, mais c'est parce que nous les aimons que nous devons les laisser partir. Nous oublions que nous ne sommes que des passants, de bons ouvriers toujours à l'ouvrage, qui, le moment venu , partent pour un autre monde. Nous n'oublierons pas les vivants puisque nous faisons partie de la chaîne de l'humanité, millions de maillons assemblés les uns aux autres. Nous nous sentirons partie prenante de ce qui a précédé et de ce qui viendra, et alors nous ne laisserons pas l'urgence illusoire de l'immédiat nous distraire de la vision de l'éternel. ( E. KUBLER ROSS )

l'ARCANE SANS NOM : MOURIR POUR RENAITRE
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